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Soutenance de thèse de Céline PÉTRUS

Publié le 19 novembre 2025 Mis à jour le 19 novembre 2025
le 19 décembre 2025
14h00
Université Toulouse Jean Jaurès
Maison de la recherche 
D29
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La mobilité en formation : une épreuve de l'incertain constitutive du devenir professionnel en travail social

Thèse pour obtenir le grade de :

docteure de l'université en sciences de l'éducation et de la formation




Titre de la thèse :
La mobilité en formation : une épreuve de l'incertain constitutive du devenir professionnel en travail social

de

Céline PÉTRUS

Présentée et soutenue publiquement

Vendredi 19 décembre 2025 à 14h00
Université Toulouse Jean Jaurès
Maison de la recherche
Salle D29

Thèse dirigée par :
 
Véronique BORDES et Alain PIASER

Jury :
 
Mme Véronique BORDES, Université Toulouse 2 Jean Jaurès, Direction de thèse
M. Emmanuel JOVELIN, CNAM-Paris, Rapporteur
Mme Anne-Françoise DEQUIRÉ, Université de Lille, Rapporteur
M. Alain PIASER, Université Toulouse 2 Jean Jaurès, Co-direction de thèse
M. Alain VULBEAU, Université Paris Nanterre, Examinateur
M. Daniel BART, Université Toulouse 2 Jean Jaurès, Examinateur

Résumé :
Cette thèse interroge la mobilité en formation des éducateurs spécialisés comme une épreuve de l’incertain, constitutive du devenir professionnel en travail social. Elle explore comment les expériences de déplacement (géographique, institutionnelles, symboliques) participent à la socialisation professionnelle et à la construction identitaire des futurs éducateurs.
Mobilisant une approche qualitative et compréhensive, fondée sur l’analyse d’entretiens narratifs et des observations de terrain, la recherche envisage la mobilité non comme une simple injonction institutionnelle de déplacement géographique, mais comme une expérience formatrice, biographique et liminaire. Ces moments de passage, marqués par l’incertitude, le doute, la perte de repères et la confrontation à l’altérité deviennent des espaces de transformation où s’opèrent tensions, bifurcations et réajustements.
L’analyse s’appuie sur la sociologie de la socialisation professionnelle (Hughes, Dubar), l’anthropologie de la liminarité (Van Gennep, Turner) et la biographisation des expériences (Delory-Momberger). Elle met en lumière la fonction structurante des passages, espaces liminaires, où l’épreuve de l’incertitude provoque un travail réflexif et narratif transformant la mobilité en expérience signifiante. Les récits recueillis montrent que ces déplacements, parfois choisis, parfois contraints, agissent comme des épreuves existentielles générant du doute, des apprentissages et des reconfigurations identitaires. Loin d’être une simple opportunité de déplacement, la mobilité apparait comme un laboratoire d’expérimentation pédagogique et politique, de subjectivation professionnelle. Elle expose les futurs travailleurs sociaux à l’inconnu et à l’incertitude, mais ouvre à un espace fécond de créativité, d’apprentissage de soi et de transformation. La formation apparait ainsi comme un dispositif instituant permettant d’habiter l’entre-deux, de traverser les frontières et de construire une professionnalité réflexive.
La méthodologie adoptée s’inscrit dans une démarche qualitative et une attitude phénoménologique d’examen des données. Inspirée d’une visée herméneutique, elle cherche à décrire le phénomène de mobilité du point de vue de ceux qui la vivent en donnant une voix à leurs expériences singulières. Le récit phénoménologique permet d’expliciter le sens que prennent les situations pour les individus dans leur rapport au monde et à la formation. Cette approche repose sur une implication partagée entre chercheure et participants, où la compréhension émerge d’un travail d’interprétation dialogique et réflexif.
C’est dans une démarche de praticienne chercheure, à la fois impliquée dans son propre terrain professionnel et vigilante quant à ses cadres de perception que cette recherche trouve sa cohérence. Elle favorise une lecture sensible et distanciée des parcours articulant engagement, écoute et rigueur scientifique. Consciente des résonnances possibles entre son expérience et celle des participants, la praticienne-chercheure assume une position située qui transforme la relation au terrain en un espace de dialogue, d’apprentissage et de connaissance partagée où la réflexivité devient un moteur de compréhension et d’éthique de recherche.
Cette recherche met enfin en lumière la nécessité de reconnaitre l’incertitude, la réflexivité et la biographicité comme ressources formatrices du devenir professionnel. Elle invite à repenser les dispositifs d’accompagnement et de formation en travail social en valorisant les dynamiques liminaires, les récits de soi et la co-construction de sens comme leviers d’apprentissages et de transformation dans les espaces d’incertitude constitutif du travail social contemporain. Cette réflexion s’ancre dans une dialectique entre utopie et réalisme, invitant à penser la formation comme un espace créatif et réflexif au cœur des contraintes institutionnelles.

Mots-clé : socialisation professionnelle,mobilité,biographicité,reflexivité,dynamique identitaire,liminarité,